Le Fabuleux Destin d’Amélie Soulaine

 

« Le 14 septembre 2007, à 18 heures, 28 minutes et trente-deux secondes, une mouche bleue de la famille des califoridé, capable de produire 14 670 battements d’aile à la minute, se posait rue Saint Vincent à Montmartre… A la même seconde, à la terrasse d’un restaurant, à deux pas du Moulin de la Galette, le vent s’engouffrait comme par magie sous une nappe, faisant danser les verres, sans que personne ne s’en aperçoive… Au même instant, au cinquième étage du 28 de l’avenue Trudaine dans le IXème arrondissement, Eugène Colère, de retour de l’enterrement de son meilleur ami Emile Maginau, en effaçait le nom de son carnet d’adresses… » Toujours à la même seconde, sur le court N°3 de la 2^ème salle du Gymnase de la Harpe, quartier de Villejean, avenue Charles Tillon, à Rennes, Amélie Soulaine était accompagnée de Mélanie Robert pour y disputer un double dames minimettes. Quatre ans plus tard, elle en finissait de ce fabuleux parcours à travers la France à l’occasion du TNJ de Wasquehal.

 

Ce TNJ débute le vendredi soir par le double dames, 1^er des 2 tableaux (avec le simple) où Amélie est engagée. Associée à Gwenaël Morin, elle affronte au 1^er tour Justine Libert et Laureen Marchand, deux vieilles connaissances du circuit, rencontrées maintes et maintes fois, ce qui donne à ce premier match déjà un air de nostalgie. En s’imposant en 3 sets (15/21 21/15 21/17), les 2 bretonnes s’offrent une qualification pour les quarts de finale (et par la même occasion leur billet pour les Championnats de France), où elles affrontent à nouveau des têtes connues, mais d’un tout autre calibre, Marie Batomene et Juliette Wattebled, finalistes du dernier Championnat de France. Le match est à sens unique avec au bout du compte une défaite très nette 9/21 7/21.

 

Pour le simple dames du lendemain, avec au programme un seizième de finale face à Stacey Guérin, multi-médaillée aux Championnats de France et en compétitions européennes en double dames avec Delphine Lansac, Amélie s’essaie le soir même avec Sam au coaching par téléphone, pour mettre en place des stratagèmes. Parce qu’elle aime bien ça les stratagèmes… Et ça marche… Elle s’impose sans trembler 21/18 21/10 et se qualifie pour un huitième de finale aux airs de déjà vu face à Héloïse Le Moulec, véritable bête noire d’Amélie. Là, pas de stratagème, mais une lourde défaite 7/21 11/21. Faut-il pour autant se mettre à pleurer comme une fontaine sur ce match perdu et du même coup sur la fin des TNJ ? Ou au contraire faut-il croire que la suite pourra apporter son lot de surprises, comme ce sac de courrier, égaré lors de la disparition d’un avion de liaison et retrouvé trente ans plus tard dans un glacier, réussissant ainsi à redonner le sourire à Madeleine Wallace ?

 

Car ce fabuleux destin, loin de toucher à sa fin, ne peut que se poursuivre jalonné des mêmes lumières qui en ont éclairé la première partie.

 

Amélie a ainsi pu se faire son petit Tour de France des compétitions nationales jeunes, alignant des destinations plus ou moins exotiques, tel un nain de jardin dans les bagages d’une hôtesse de l’air : Saint Jean de Monts, Béthune, Mont de Marsan, Fougères, La Ferté Bernard, Rennes, Villebon sur Yvette, Valence, Redon, Dives sur Mer, Janzé, Ponts de Cé, Arnas, Cergy-Pontoise, Brest, Pont-à-Mousson, Ollioules, Lisieux, Mayenne, Tournon… Chacun de ces périples est également l’occasion de vider son thermobag, de bien le nettoyer et de tout ranger enfin. Et pour illustrer tous les bienfaits de ces pérégrinations , on se contentera de se référer à quelques proverbes souvent porteurs de tant de vérités : les voyages forment la jeunesse ; qui veut voyager loin, ménage sa monture ; heureu(se) qui comme (Amélie) a fait un beau voyage…

 

Et puis elle a pu y vivre quelques moments formidables, se constituant un bon petit stock de souvenirs et d’images, de quoi se faire un album, qui ferait pâlir de jalousie un collectionneur de photomatons : deux titres de Championne de France (Thionville UNSS 2006 et Fougères Intercodep 2007), quatre qualifications pour les Championnats de France individuels (Mont-de-Marsan 2007, Villebon-sur-Yvette 2009 avec une médaille approchée à quelques points, Brest 2010 et Valence 2011), huit titres de Championne de Bretagne (Intecodep Plérin 2006, Double Dames Minimettes Brest 2008, Intercodep Pontivy 2008, Simple Dames Minimettes Rostrenen 2009, Intercodep Janzé 2009, Simple Dames et Double Dames Cadettes Fougères 2010, Intercodep Saint Brieuc 2010), des victoires sur toutes les joueuses qui, à un moment ou à un autre, ont dominé les classes d’âge 1993/1994/1995 en Bretagne (Maurane Bonbois, Anaïs Coqueux, Marion Fresneau, Camille Hue, Margaux Jovelin, Marie Leduc, Gwenaël Morin, Mélanie Robert, Gaëlle Vanlande, Juliette Wattebled) et puis quelques gros matchs face aux meilleures joueuses françaises, membres des Collectifs France et pensionnaires de Pôle Espoir ou Pôle France (Tatiana Ivanova, Stacey Guérin, Justine Libert, Juliane Piron…).

 

Alors, à l’heure de tourner la page, il faut se tourner vers l’avenir, sans avoir peur de se cogner à la vie, se réjouir d’un bilan si éloquent, croire que la suite sera tout aussi réjouissante et se dire que les autres, déjà vieux mais toujours jeunes (surtout par rapport à moi…), sont également passés par là : Anne-Laure, Clément, Lise, Antoine, Thomas, Nico…

 

Se dire aussi que ces dernières fois (dernier TNJ, dernier tarif réduit au cinéma, dernier jour de lycée…) s’égrènent au même rythme que les premières fois : premier café, première bière (?), le permis de conduire, le bac, première carte d’électeur…

 

Et se dire enfin que le badminton possède une grande qualité, celle d’offrir du rab de jeunesse, avec la catégorie junior, qui permet à ses représentants de continuer pendant deux saisons à jouer les grands dans la cour des petits à l’occasion des Championnats de France Jeunes. Fabuleux, non ?

SAM
Jean-Pierre Jeunet

MBCiste :
Amélie SOULAINE